1er mai 2012

Le privilège d’être payé à ne rien faire.

 

 L’absentéisme, ou le droit à la paresse. Il y en a vraiment beaucoup qui ne font pas grand-chose, dans le secteur Public

 

 

Grâce au député Dominique Tian, qui a déposé en 2011 un amendement proposant, d’instaurer trois jours de carence dans le public comme dans le privé, vous avez peut-être pris conscience pour la première fois seulement d’une autre menue inégalité Public/Privé : celle de l’inégalité de traitement en cas d’absence pour maladie. Il n’est pas certain que vous ayez compris que cette affaire de « jour de carence » n’était que la toute petite partie fugitivement éclairée de l’iceberg que constitue l’absentéisme dans le secteur Public. De plus, le sort réservé à cette proposition d’amendement, son résultat, sont tout à fait révélateurs de la façon dont les détenteurs du pouvoir, en France, conçoivent l’ « Egalité » entre citoyens Français, et la bonne gestion de l’argent public.

Nous allons donc tenter d’éclairer votre lanterne, en vous donnant quelques informations exactes, des morceaux de la « vérité » que TOUS les politiques et syndicalistes jurent de vous révéler demain, comme si ce n’était pas le cas aujourd’hui…. ? Nos informations sont toutes tirées d’articles que vous pouvez vous-même consulter sur le site de l’IFRAP :  http://www.ifrap.org/ , en lançant une recherche sur « absentéisme ». Une lecture attentive, consciencieuse, avec recoupements, classement par dates, etc.…devrait vous permettre de prendre conscience de l’étendue d’un phénomène dont vous aviez certainement entendu parler : Il y en a vraiment beaucoup qui ne font pas grand-chose, dans le secteur Public. Et si vous saviez combien ça vous coûte… Nous nous sommes permis d’ajouter quelques commentaires aux articles iFRAP. Les citations de l’iFRAP – sorties d’articles différents- sont en italique,  et nos commentaires en écriture droite, ou entre parenthèses.

 

1 _ L’absentéisme dans la FP, une réalité bien connue de TOUS les responsables politiques et syndicaux depuis des décennies.

 

« « L’absentéisme dans la fonction publique est un sujet délicat et tabou. Claude Allègre en a fait les frais lorsqu’il a voulu lutter contre l’absentéisme chez les professeurs dont il avait annoncé que leur taux d’absentéisme était à 12%.

Le nombre d’absents devrait logiquement être plus faible dans la fonction publique ( que dans le Privé) pour au moins 2 raisons :

  • Les conditions de travail sont généralement meilleures
  • L’esprit de service public est censé constituer une forte motivation (certainement vrai il y a plus de 50 ans, maintenant….)

Une des explications d’un absentéisme deux fois plus élevé dans le public que dans le privé est certainement le fait du très généreux système des congés maladie des fonctionnaires. Ainsi, les fonctionnaires titulaires en arrêt maladie continuent d’être payés par leur employeur public et n’ont pas les 3 jours de carence qui existent pour les salariés du privé. De plus, dans le public, le taux de remplacement du salaire est de 100% pour 3 mois, un an, voire 3 ans et ce sans plafond. » »

 

« « La Fonction Publique est en moyenne, le secteur de la société française qui permet le plus de loisirs. On connait le trait prêté, apocryphement à Strauss – Kahn :  » Les 35 heures dans la Fonction Publique c’est possible, mais en y allant doucement, d’abord 30 heures, puis 31 puis 32 … « .

Dans la fonction publique, il y a en effet :

  • 2 fois plus d’absences que dans le privé, voire même 3 fois plus dans les organismes sociaux tels que l’ANPE ou les Caisses de Sécurité Sociale ; 
  • Pléthore de congés confidentiels ….
  • La seule sanction : une prime d’assiduité ! » »

 

 

2 _ Plusieurs motifs d’absences. Comment est « constatée » l’absence ? Quelques moyennes.

Dans une étude déjà ancienne , l’iFRAP répertoriait plusieurs motifs d’absence :  ( voir : http://www.ifrap.org/Absenteisme-compare-secteur-public-secteur-prive,188.html )

A savoir : Maladie, accident du travail, maternité, absences santé, et Congés atypiques.

L’absentéisme total, de 5.8% dans le privé, passait à 10.9% dans la fonction publique d’Etat, 13.4% dans la FP territoriale, et 13.8% dans l’Assistance publique Hopitaux de Paris.

En clair, et en moyenne, cela signifie que plus de 12% des fonctionnaires sont enregistrés absents de leurs « postes » , alors que les DRH du Privé ne pointent que 5.8% d’absents.(Tout ceci, hors congés payés bien sûr. A propos, les congés payés ont-ils les mêmes durées dans les innombrables compartiments du secteur public, que dans le Privé ?…)

 Quelques remarques concernant ces chiffres :

  • a_ Pensez-vous que le fonctionnaire faisant office de DRH (cela existe-t-il d’ailleurs ?) enregistre effectivement toutes les absences et exige leurs justifications, avec la même rigueur qu’un DRH du Privé ? Nous ne le pensons pas ; Selon nous, les taux réels d’absentéisme du Public sont nettement supérieurs aux taux enregistrés. (voir le « désopilant » livre « absolument débordée » de Zoé Shepard, employée du Conseil régional d’Aquitaine: Certains fonctionnaires territoriaux travaillent réellement moins de 35 h par mois ).
  • b_ depuis l’étude citée ci-dessus, l’absentéisme, pour maladie en particulier, s’est envolé, dans le secteur Public, comme vous pourrez le constater en parcourant d’autres articles plus récents de l’Ifrap. Un fonctionnaire nous a expliqué pourquoi : (i) les absences sont enregistrées avec plus de sévérité, et (ii) la « crise », et le stress lié à la peur de perdre leurs « postes » rend les fonctionnaires malades plus souvent…
  • c_ Posez-vous toujours la question, si vous entendez ou lisez une info sur l’absentéisme : de quel motif d’absentéisme est-il question ? Dans l’étude ifrap ci-dessus, l’absentéisme pour raison de maladie, de 3.7% dans le privé, passait à 6.0% dans la fonction publique d’Etat, 8.4% dans la FP territoriale, et 5.6% dans l’Assistance publique Hopitaux de Paris. (pour ce dernier %, nous suspectons une erreur due à l’absence prolongée du fonctionnaire « enregistreur »).

 

Dans la suite de notre petite étude des articles ifrap, nous ne citerons plus que des chiffres relatifs au seul absentéisme pour raison de maladie. Vous avez évidemment compris, grâce au terme « jour de carence », que la proposition d’amendement du député Dominique Tian, ne visait à réduire QUE cet absentéisme.

 

3_ A propos, connaissez vous la signification du terme « jour de carence » ? Savez-vous comment on les décompte ?

Tout d’abord, il vous faut savoir que les mots « jour de carence » étaient inconnus  dans la France des Fonctionnaires, avant la malencontreuse proposition de ce trublion de Dominique Tian. Cette notion ne figure pas  dans leur « système des congés maladie des fonctionnaires » , l’équivalent du « code de la sécurité sociale » auquel vous êtes soumis. Et oui, les fonctionnaires ne sont pas, comme vous,  des « assurés  du régime général,  dépendant de l’Assurance maladie ». Les droits du citoyen fonctionnaire ne sont pas régis par les mêmes textes  que ceux du Français de base. Cette notion ne figure  d’ailleurs pas non plus dans ce qui leur tient lieu de « code du travail » (le « délai de carence » en cas de chômage ; mais si, bien sûr, vous,  vous connaissez ; ou vous allez apprendre à connaître !)

 

Voici quelques extraits d’un article ifrap expliquant les différences d’indemnisation entre un fonctionnaire et vous, en cas de maladie (avant le vote de l’amendement résultant de la proposition de M Dominique Tian):

  « « Une des explications d’un absentéisme deux fois plus élevé dans le public que dans le privé est certainement le fait du très généreux système des congés maladie des fonctionnaires. Ainsi, les fonctionnaires titulaires en arrêt maladie continuent d’être payés par leur employeur public et n’ont pas les 3 jours de carence qui existent pour les salariés du privé. De plus, dans le public, le taux de remplacement du salaire est de 100% pour 3 mois, un an, voire 3 ans et ce sans plafond.

…..

Pour les salariés dépendant de l’Assurance maladie pour le remplacement de leur traitement, les conditions sont bien plus drastiques. En effet, lorsqu’un assuré du régime général est en arrêt maladie, il doit le déclarer sous 48 heures à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS). Après un délai de carence de trois jours durant lequel l’assurance maladie ne versera pas d’indemnités journalières (sauf exceptions comme pour les ALD, affections de longue durée), l’assuré pourra bénéficier des « IJ » (indemnités journalières) en compensation de sa perte de salaire.

Les indemnités journalières maladie sont égales à 50% du salaire journalier de base. ….Au 1er janvier 2008, le montant maximum accordé au titre de l’indemnité journalière par l’Assurance Maladie était de 46,22€. ….

Par ailleurs, les contrôles des arrêts maladie sont rarissimes dans le secteur public » »

 

Pour plus de détails, voir http://www.ifrap.org/L-absenteisme-maladie-dans-les-collectivites-bat-des-records,12127.html

 

4_ Qu’est donc devenue la proposition d’amendement de M Tian ?

La population fonctionnaire, sur-représentée à l’Assemblée Nationale, horrifiée à la découverte de cette notion de « jour de carence » (céquoi, encore ?),  ainsi que les Syndicats de Fonctionnaires , sont  bien évidement « montés au créneau » pour interdire l’accès de cette vermine à la « forteresse fonctionnaire ». (Vous avez peut-être remarqué que les leaders des Syndicats de Fonctionnaires sont les mêmes que ceux des Syndicats de salariés du Privé…Ils connaissent donc parfaitement cette vermine de « jours de carence », et sont d’autant plus décidés à empêcher la contagion du privé vers le public)

Dans un premier temps, courageusement, « « Le gouvernement a tranché : ce sera 4 jours de carence dans le privé et 1 dans le public. » ». Et le PM , M F Fillon, d’expliquer qu’il s’agissait là d’une mesure de justice sociale : Puisqu’on « ajoutait » un jour de carence au peuple fonctionnaire, il était normal d’en ajoutait un aux « autres ». ( NDLR : A notre connaissance, le PM  n’est pas fonctionnaire, et en tout cas pas personnellement exposé au « jour de carence ». Il n’est pas donc pas interdit de penser qu’il ait surtout vu, dans l’allongement de 3 à 4 jours du délai de carence pour le Privé, l’occasion de faire une petite « économie de déficit », comme il dit. Via les comptes de la Sécu. Et sans baisser le « train de vie de l’Etat »)

L’affaire n’en est pas restée là. Finalement, les députés ont voté 1 jour pour les fonctionnaires (quand même pas 3, comme proposé..), sans rallonger à 4 pour le privé. Histoire de manifester leur attachement à l’EGALITÉ…

 

5_ Et que pensez-vous qu’il va se passer ?

Rappelons tout d’abord que le but de la proposition de M Tian, était surtout de dissuader les Fonctionnaires de se faire porter pâles.

  • Quand pensez-vous que la mesure sera « applicable » ? Modifier le « système des congés maladie des fonctionnaires » pourrait bien prendre un « certain temps »… Beaucoup de lois sont restées sans décrets d’application. Alors,  pondre un règlement qui prive un infortuné fonctionnaire, malade à l’idée de rejoindre son « poste », du salaire d’une journée…
  • En supposant « amendé » le système des congés maladie des fonctionnaires, croyez vous que quelqu’un va veiller à ce que  le fonctionnaire en  arrêt maladie pour une courte durée –pouvant  donc  passer inaperçue  de ses collègues absents eux-aussi – va  le déclarer sous 48 heures à la ?? (l’éventuel équivalent de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS). Et faire remonter l’info à la machine chargée des virements des salaires, qui n’est pas programmée pour faire des retenues?

En résumé, de combien pensez-vous que va diminuer le nombre de jours d’absence pour maladie ENREGISTRÉ ?

  • Nous croyons plutôt à une généralisation de l’instauration des « primes de présentéisme » individuelles, comme cela se pratique déjà aux hôpitaux publics de Marseille . L’ifrap rapporte : « En effet, Pour lutter contre cette forme d’absentéisme, quelques entreprises ( NDLR : privées) ont mis en place des primes de « présentéisme » individuelles. Une méthode copiée par les hôpitaux publics de Marseille, et qui a fait baisser le taux d’absentéisme de ces agents publics, grâce à une prime de présentéisme de 219 euros bruts » (par jour, mois, année ?). Juste un petit doute : l’auteur de ce rapport n’a pas dû voir le film « les ripoux », ni que cette méthode a été mise en place à Marseille…. Dans le film –de pure fiction- on voit des flics soucieux de lutter contre la délinquance refuser d’enregistrer des plaintes : par voie de conséquence, les statistiques diminuent, preuve que la délinquance diminue. Et à Marseille…, ville des frères Guérini, qui plus est, le Président de l’hôpital public n’est-il pas un élu, comme dans beaucoup, sinon la totalité, des villes de France ? Et si l’on gagnait double ? : Pas d’absence déclarée= pas de retenue sur salaire, mais au contraire une prime de « présentéisme ». Avec, pourquoi pas,  une prime de résultat à la clef pour le gestionnaire de l’hôpital qui a su faire baisser l’absentéisme sans stresser son personnel. Reconnaissance électorale à nos chers élus et soutien à nos directeurs. Allons, tout ceci n’est certainement que divagations,  ne voyons pas le mal partout…

Voyons même le bon côté des choses : S’ils s’avisaient de venir tous au boulot, il faudrait agrandir les Hôpitaux, les Hôtels de Régions et de Départements (au prix que ça nous a déjà coûté…), les Mairies, trouver des bureaux pour loger les COS, …

6_ Et maintenant, combien ça coûte ? Combien économiserions nous si l’absentéisme dans le secteur public était le même que dans le privé ?

Rappelons que , depuis plus de 30 ans, « combien économiserions nous » signifie en réalité « combien n’emprunterions nous pas », ou, en terminologie gouvernementale « quelle économie de déficit ferions nous » ?

Nous vous laissons avancer un chiffre « au pif », au doigt mouillé ». Si vous avez beaucoup de courage, vous pourrez vérifier si vous ne vous êtes pas tout simplement trompé d’ordre de gradeur, en parcourant les dossiers de l’ifrap ; et éventuellement en tenant compte de nos observations, si vous partagez note avis sur la représentativité des chiffres ENREGISTRÉS.